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Le droit du serf
22 novembre 2009

En guise d'intro

Chat bouillant se fout complètement de l'eau froide : Le droit du serf reprend du service.

En vue de commercialiser les bouquins sous format numérique, certains éditeurs ont entrepris de proposer des avenants aux contrats, offrant royalement l'équivalent des pourcentages papier, c'est-à-dire beaucoup moins que les traditionnels 50% sur les droits annexes... alors qu'il n'y a pas de distribution, que le coût de la diffusion devrait être très faible et que l'essentiel du boulot éditorial est déjà effectué. Bref, ce n'est pas seulement de l'arnaque, c'est de la spoliation.

Afin de ne pas créer de précédents regrettables ni laisser les tractations commerciales se mener dans notre dos, nous devons conduire une réflexion, la plus exhaustive possible, pour proposer collectivement un code d'usage, une marche à suivre, une norme, un avenant type, un outil de travail, une fin de non recevoir... bref, pour "aider" les éditeurs à négocier le virage du numérique sans imposer aux auteurs et à leurs ayants droit la gourmandise de parasites tiers (comme ils en ont pris l'habitude avec les diffuseurs et distributeurs des ouvrages papier... qui sont souvent dans le même groupe qu'eux), ni état de fait, ni conditions drastiques, ni indigence.

Il est peu probable que notre "assistance" soit appréciée, ni spontanément prise en compte, mais nous disposons d'arguments qui devraient nous permettre d'être entendus.
- Le nombre d'ouvrages "sous contrats d'édition" est faramineux.
- Ces ouvrages ne peuvent en aucun cas être commercialisés numériquement sans l'aval des auteurs ou des ayants droit.
- Les sommes actuellement en jeu sont minimes, ne se répercutant que très faiblement sur le portefeuille de l'auteur s'il ne parvient pas à s'entendre avec l'éditeur, mais l'enjeu à moyen terme est considérable. Or, dans de nombreux cas, ce "moyen terme" laisse  à l'auteur la possibilité de recouvrer le plein usage de ses droits pour les négocier avec des éditeurs (ou directement des diffuseurs) mieux-disants. D'ailleurs, si la France est (très) en retard dans le domaine, la volonté étatique d'équiper les élèves de liseuses, devrait rapidement faire éclater la bulle (d'où peut-être la précipitation éditoriale, groupe Gallimard en tête, après des années d'inertie).
- Les plateformes et les outils de diffusion numérique sont légion, donc potentiellement très concurrentiels.

Outre l'aspect purement financier des droits numériques, nous devons aussi veiller sur la durée contractuelle d'exploitation de ces droits, entre autres.

Ce blog est un lieu d'échange, alimentez-le. Il n'y a pas le feu, mais ce n'est pas vraiment le moment de différer le débat.

Pour ceux que cela concerne, ne signez pas les avenants qui vous sont aujourd'hui soumis. Vous n'avez rien à y gagner et nous y perdrions tous.

Ayerdhal

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Commentaires
O
Sur les rapports entre piratage et promotion, il faut parler un peu de ce qui s'est passé dans le manga pendant les années 90.<br /> A l'époque, il n'y a quasiment aucun éditeur, et ceux qui existent faisaient un travail merdique (planches mal imprimées, traductions approximatives). C'est là que sont intervenus les groupes de scanlation (contraction de scan et translation). Les fans se sont mis à scanner les chapitres qui paraissaient dans les revues de prépublication japonaises, et à traduire, le tout en un ou deux jours, puis à rebalancer l'ensemble sur le net.<br /> La qualité du travail était telle que certains éditeurs se sont même mis à utiliser le travail des amateurs (sans le dire, et sans les payer, bien sûr).<br /> Mais j'ai assisté à un phénomène intéressant vers 1998-1999. A l'époque, une série faisait beaucoup de bruit au Japon, une série sur le Go. J'en ai entendu parler, et j'ai commencé à la suivre en scanlation. On était nombreux à le faire.<br /> Un jour, un éditeur français a acheté la série et l'a vendue : le premier tirage du premier tome fut épuisé en une semaine.<br /> L'ensemble des fans avait créé le "buzz" autour de la série et créé l'attente.<br /> <br /> Je ne vais pas dire que la scanlation est parée de toutes les vertus, mais les rapports entre piratage et achats sont bien plus complexes qu'une simple opposition entre bien et mal. Si ces scanlations se sont développées, c'est qu'on ne trouvait rien en librairie, ou très en retard par rapport à la sortie japon.<br /> A mon avis, les ouvrages qui seront le plus vite scannés et piratés, seront des ouvrages anglo-saxons (parce qu'on doit attendre qu'ils soient achetés et traduits pour les avoir en France), avant les ouvrages français.<br /> On ne peut pas lutter par des moyens technologiques contre le piratage, parce que non seulement une protection est cassable, mais parce que les contraintes de cette protection sont un frein. En plus, comme les ouvrages papiers existent toujours, ils sont scannables, ocrisables en un temps très court.<br /> Même si les applications pour iPhone sont piratables, cela n'empêche pas l'Appstore de dégager des revenus, et pour certains développeurs d'en vivre. Pareil pour iTunes alors que la Mule existe toujours.<br /> On peut discuter pendant des années des volumes, de ce que l'on pourrait vendre EN PLUS, si les gens ne pirataient pas, le fait est qu'on en sait absolument rien (ceux qui piratent n'achèteraient pas forcément) et les éditeurs encore moins que les auteurs. C'est pour ça qu'il ne faut pas en avoir peur. Je ne crois pas que les gens achèteront des livres numériques légalement par charité ou par bonté d'âme, ils le feront parce que ce sera pratique, qu'ils pourront facilement transférer leur achat sur tout support adéquat, sans devoir faire une seule manipulation. C'est CA qui sera le plus gros frein au piratage.
O
Bien que je persiste à penser avec Thierry que numérisation + diffusion en ligne = piratage, je suis également d'accord avec Olivier Paquet sur le fait qu'un achat facile et pas cher (à l'exemple d'iTunes) favorise également le téléchargement "légal" : payer quelques euros pour un téléchargement immédiat, sécurisé et en "top qualité" peut paraître plus séduisant (sauf pour les lecteurs très pauvres) que ramer parfois des heures sur du torrent aléatoire, pour éventuellement recevoir in fine un fichier corrompu ou vérolé par un virus...<br /> Je crois de toute manière que dans un premier temps, et dans le domaine qui nous concerne principalement, à savoir le roman (ou la nouvelle), le marché du numérique restera marginal. Va-t-on utiliser sa liseuse (ou son notebook, ou son iPhone...) au lit, à la plage, dans les transports en commun ? Le support papier va rester privilégié pour ce type de lecture, disons, non-interactive.<br /> En revanche, pour tout ce qui concerne les dictionnaires, encyclopédies, ouvrages techniques ou pratiques, etc, là oui, le numérique va décoller, car il offre une interactivité fort pratique pour des études ou recherches, objectifs principaux de ce genre de livres. A moins de repenser totalement la forme du roman en prenant en compte toutes les possibilités qu'offre la numérisation (navigation, hypertexte, multimédia, etc)... Là résiderait à mon avis l'intérêt du roman numérique, dans ces "plus" qu'il peut offrir et que n'aura évidemment pas la version papier (qui elle offre d'autres "plus" : le bel objet, la collection dans la bibliothèque, l'odeur de l'encre fraîche, la dédicace de l'auteur, le bouquin qu'on traîne partout...). A titre d'exemple, Stephen King avait fait l'expérience de vendre un de ses romans directement en ligne, pour la modique somme de 1 $. Il a fait un flop, car le piratage a été plus important que les ventes (même pour 1 $). Pourquoi ça n'a pas marché ? Je pose la question, je n'ai pas la réponse.<br /> Quoi qu'il en soit, la technologie existe, et le "progrès" étant ce qu'il est, le roman n'y échappera pas, à court ou moyen terme. Donc il convient dès à présent de ne pas se faire entuber. OK donc pour proposer/exiger/obtenir :<br /> - 25% de droits minimum sur le prix de vente HT en cas d'exploitation directe par l'éditeur<br /> - 50% en cas de cession des droits à un site dédié (Google, Amazon, FNAC etc)<br /> - une limitation dans la durée de 5 ans, renouvelable par tacite reconduction<br /> Voilà pour l'essentiel.<br /> Quant à la forme de la riposte, je pense à une lettre-type, éventuellement postée sur ce blog et téléchargeable par tout le monde, que chaque auteur concerné par ces avenants pourrait envoyer à son éditeur avec lesdits avenants - non signés - en lui demandant de revoir sa copie. La lettre-type peut même être signée collectivement, afin de montrer à l'éditeur que l'auteur n'est pas seul à grogner dans son coin mais que c'est un front commun...<br /> Qu'en pensez-vous ?<br /> JM
H
Histoire de rebondir sur les numérisations de livres, je peux aussi évoqué mon expérience de joueur de jeu de rôle. Il y a déjà dix ans de cela on trouvait des bouquins de JdR (en anglais en général) scannés sur le net.<br /> <br /> Autre exemple à relever : l'expérience de Peter Watts avec Vision aveugle, dont les ventes ont apparemment décollé outre-Atlantique quand Watts a mis son livre gratuitement à dispo sur le net.<br /> <br /> Enfin notons qu'il est d'autant plus scandaleux de proposer les mêmes pourcentages que pour le papier aux auteurs d'un côté, tout en vendant les ebooks à des tarifs proche du grand format (alors que parfois la version poche existe à bien moins cher).
H
Histoire de rebondir sur les numérisations de livres, je peux aussi évoqué mon expérience de joueur de jeu de rôle. Il y a déjà dix ans de cela on trouvait des bouquins de JdR (en anglais en général) scannés sur le net.<br /> <br /> Autre exemple à relever : l'expérience de Peter Watts avec Vision aveugle, dont les ventes ont apparemment décollé outre-Atlantique quand Watts a mis son livre gratuitement à dispo sur le net.<br /> <br /> Enfin notons qu'il est d'autant plus scandaleux de proposer les mêmes pourcentages que pour le papier aux auteurs d'un côté, tout en vendant les ebooks à des tarifs proche du grand format (alors que parfois la version poche existe à bien moins cher).
O
Plusieurs choses :<br /> - Les éditeurs actuels ne sont pas les acteurs du futurs pour l'édition numérique. Cela fait 10 ans qu'Amazon, Google et Apple créent les plateformes pour vendre du livre numérique, et ils vont faire payer cher l'accès à cette technologie. Faute d'avoir pris les devants quand ils le pouvaient, ils n'auront aucune liberté (et l'accord Google qui met hors-champs les éditeurs non-anglosaxons montre bien le peu de cas que Google fait des rodomontades francophones)<br /> - Le numérique implique une modification profonde des mécanismes d'accès aux textes, la manière de se faire connaître, le rapport entre auteur et lecteur. Tant que cet écosystème ne s'est pas stabilisé et mis en place, signer quelque chose, c'est s'enfermer dans une logique, au moment même ou tout bascule.<br /> - Il ne faut pas avoir peur du piratage. C'est un atout, pas un danger. Il permet de faire circuler beaucoup plus vite des textes. Ca fait partie de la promotion (pour faire simple). C'est pourquoi il faut encourager des méthodes d'accès et de ventes des textes numériques les plus aisées, et les plus faciles possibles. Le succès d'iTunes repose sur sa simplicité (un clic, un achat). Tout ce qui rend compliqué l'achat, c'est encourager le piratage.<br /> Le piratage est un faux problème, c'est comme accuser les bibliothèques et les prêts entre amis de ruiner la littérature. La SF étant une littérature fondamentalement basée sur le bouche à oreilles plutôt que sur les grands médias, le piratage fait partie de la chaîne.<br /> Il faut plutôt s'interroger sur la manière de créer des plateformes très accessibles, simples d'usage, par tous les moyens disponibles, sans limitation. Que l'utilisateur achète un livre numérique aussi facilement qu'une application pour iPhone ou une baguette de pain.
Le droit du serf
  • Collectif de réflexion et d'action créé en octobre 2000 pour faire respecter le droit des auteurs à jouir décemment de leurs œuvres, réactivé fin 2009 pour faire valoir ce droit dans la commercialisation numérique de leurs ouvrages.
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